jeudi 31 mars 2016

Pâques à New York, ou comment en prendre plein la vue : chapeau !


J’espère que vous avez passé une excellente Pâques ! Ah, les week-ends de trois jours, c’est quand même le bonheur. Sauf qu’au lieu d’en profiter pour me reposer (ok et écrire pour le blog aussi un peu), j’ai passé le week-end dehors. En vraie blogueuse en carton, je ne résiste pas à l’appel de la vraie vie quitte à délaisser un peu ce petit espace. J’ai plein d’idées pourtant, de choses dont je veux vous parler mais une fois devant mon écran, l’inspiration me quitte. Je me suis quand même posée devant mon ordi durant ces trois jours… pour trier mes photos de voyage. Ces deux dernières années, j’ai pas mal bougé, pris des centaines de photos mais, à chaque fois, au retour, j’ai eu la paresse de les ranger/trier/réunir/classer. Résultat, c’est le grand n’importe quoi. Il y en a partout. Dans ma lancée de mes articles voyage sur Cuba, je me suis donc dit qu’il était grand temps de mettre un peu d’ordre dans tout ça, pour moi mais aussi si un jour je veux vous parler de mes autres destinations.


Et c’est là que je suis tombée sur les photos de mon voyage à New York il y a deux ans. Ah, New York, j’aime tellement cette ville que je peux te dire que je mitraille. J’étais partie en avril 2014… pour Pâques justement ! Et ça m’a rappelé une idée de billet que j’avais voulu écrire au retour, mais je n’avais jamais trouvé le temps. A l’époque, je m’étais demandée si c’était une bonne idée de choisir cette période pour découvrir la ville. J’étais partie avec ma sœur et on n’avait pas vraiment eu le choix sur les dates, c’était les seules où elle était libre. Mais a posteriori, je m’étais demandée si on avait bien fait de partir en période de vacances scolaires. Alors je n’ai absolument pas fini ma série d’articles sur mon voyage à Cuba (loin de là). J’essaie d’ailleurs de vous publier la suite le plus rapidement possible. Mais en même temps, je me suis dit que si je n’écrivais pas cet article maintenant, il ne serait clairement plus d’actualité avant l’année prochaine. Et l’écrire 3 ans plus tard me semblait quand même fort de café (déjà que 2 ans, ça fait un peu long !) Donc je fais une petite pause dans mes aventures cubaines et je me lance.

Alors Pâques à New York, bonne ou mauvaise idée ?


BONNE IDEE !
L’amoureuse de New York qui est en moi pense évidemment que croquer la Grosse Pomme à pleines dents est toujours une bonne idée, quelle que soit la période. Mais en même temps, la fille raisonnable qui est aussi en moi (oui, il y a beaucoup de gens à l’intérieur de moi-même) sait qu’il y a évidemment des périodes plus propices pour profiter à fond de son séjour, surtout si c’est le premier dans cette superbe ville. Je ne sais pas vous mais moi par exemple, j’ai toujours rêvé d’aller à New York pendant un évènement spécial : le nouvel an est évidemment un classique mais je crois que je ne survivrais pas au froid. J’avais fait un premier voyage en 2011 juste après Halloween et au vu des décorations qui embellissaient toujours la ville, je pense que ça peut être une période sympa. Mais y aller pendant Thanksgiving ou à la Saint Patrick me dirait bien aussi. En fait, j’ai trop regardé de séries américaines parce ce qu’à cause d’elles j’avoue avoir très envie de voir en vrai une grande parade sur la 5ème Avenue (alors qu’en France, c’est plutôt le genre de choses que je fuis).

Alors quand avec ma sœur on s’est calées notre séjour pour Pâques il y a deux ans, j’ai évidemment tout de suite regardé s’il y avait des évènements spéciaux à cette époque-là. Et ô joie, ô bonheur, il y en avait bien un… sur la 5ème Avenue justement ! Yeah. Ce n’est pas un gros truc officiel organisé par la ville comme à Thanksgiving, plutôt une tradition. Il est ainsi de coutume pour les New Yorkais de porter leur plus beau chapeau puis de se réunir sur la 5ème avenue le matin du dimanche de Pâques. Et quand je dis leur plus beau chapeau, je devrais plutôt dire leur plus excentrique. On ne parle pas ici d’une simple jolie capeline mais de chapeaux réalisés pour l’occasion et il faut bien le dire complètement dingues. C’est un véritable spectacle ! Quand nous y étions, nous avons vu des chapeaux nids, des chapeaux châteaux forts, des œufs en pagaille, des lapins aussi, des oiseaux… Plus c’est grand, plus c’est coloré et mieux c’est ! Certains se baladaient avec des maisons sur la tête ou des paniers de fruits. Il y a évidemment ceux qui restent sur le thème de Pâques et ceux qui collent plutôt à leur personnalité. Et puis il y a ceux qui ne se limitent pas au chapeau et s’offrent pour l’occasion un total look excentrique. Tu en prends clairement plein les yeux ! C’est totalement drôle. Mais pas drôle ‘on se moque d’eux’, drôle dans le sens tellement sympa.


J’ai vraiment beaucoup aimé ce moment (même s’il y avait beaucoup de monde, entre ceux venus parader et ceux venus les prendre en photos). D’un point du vue de Parisien blasé, on pourrait trouver ça nul et ridicule. Moi, j’ai aimé que les New Yorkais soient attachés à cette tradition totalement dingue il faut bien le dire. C’est agréable de se dire qu’ils ne sont pas blasés et qu’ils jouent le jeu à fond. Parce que tous ces chapeaux demandent clairement du travail ! Ce ne sont pas des chapeaux achetés dans le commerce. Ca se voit qu’ils les ont fait eux-mêmes et, vu le résultat, ça a dû leur prendre un certain temps ! D’ailleurs, ils sont tellement fiers de leurs œuvres qu’ils posent sans problème pour des photos, ils adorent ça même ! Oui, ils ont une dégaine bizarre mais ils assument. Pour preuve, ils ne se chapeautent pas au dernier moment. Dans le métro, ce matin-là, on a ainsi croisé de nombreux couvre-chefs étranges. Mais c’est bien, ça t’indique que tu es sur la bonne voie. Il suffit ensuite de les suivre pour trouver l’endroit du rassemblement.

Un autre détail que j’ai trouvé admirable, c’est que c’est une tradition respectée par tous. Certains sont venus en famille, d’autre en couple, d’autres entre mecs ou entre copines. Hommes, femmes et enfants, tous participent. Même les animaux ont été mis à contribution. On est tombées sur de nombreux chiens déguisés. Bref, c’était un moment dingue et rafraîchissant. Et je ne regrette pas d’avoir assisté à ce morceau de vie new-yorkaise, bien loin du cliché de New York que nous avons. Rien que pour ça, je dirais que partir à New York à Pâques est une excellente idée. D’ailleurs, si tu choisis un jour de partir à cette période, sache que cette tradition a lieu tous les ans. En revanche, ce n’est pas une parade officielle qui défile le long de la 5ème avenue. C’est plus un rassemblement informel de gens qui se retrouvent sur la Fifth Avenue, au niveau de la cathédrale Saint Patrick. Mais ce n’est pas plus mal finalement. Ca veut dire que tu n’est pas coincé derrière des barrières et que tu peux te promener parmi ces New Yorkais aux chapeaux excentriques comme tu en as envie (bon en revanche, il faut s’y attendre, il y a foule).


MAUVAISE IDEE
J’ai évidemment adoré ce séjour à New York, qui était le deuxième pour moi. Toutefois, je l’admets, quelques petits trucs m’ont dérangée. Enfin, surtout un. Si ça avait été ma première fois peut-être que je ne m’en serais pas aperçu mais là, ça m’a choqué. Quel était le problème ? Eh bien il y avait du monde partout ! Mais alors vraiment beaucoup de monde ! Là, vous devez me prendre pour une débile. Oui, je sais qu’il y a toujours du monde à New York. C’est une ville très peuplée et très touristique. Mais là, il y en avait vraiment beaucoup beaucoup de touristes. Ma première fois dans la Grosse Pomme, c’était en novembre 2011. Et oui, il y avait des touristes mais cela devait être dans la limite du raisonnable puisque je n’en garde aucun souvenir particulier. Il devait y avoir du monde mais pas tellement de monde au point que ça te marque. Cette fois, il y en avait vraiment trop. L’exemple le plus traumatisant, c’est que nous avons dû attendre environ 3 heures (voire plus) pour monter en haut de l’Empire State Building. La queue faisait tout le tour du pâté de maison. L’enfer ! Toute personne normalement constituée aurait laissé tomber. Mais pas nous, on a attendu. Parce que l’Empire State Building est mon gratte-ciel culte, je l’aime. Et ma sœur ne voulait pas non plus passer à côté. Le pire ? On y est retournées le soir et on a encore attendu une plombe. Alors qu’à tout casser, tu restes une demi-heure tout là-haut (moins même quand il fait froid, et il faisait très froid ce jour-là). Heureusement la vue en vaut amplement la peine. Gros cœur avec les mains. 


Ca m’a quand même traumatisée. Surtout que ma première fois en novembre, je ne me souviens pas d’avoir attendu du tout, en tout cas certainement pas autant. Mais ce n’est pas la seule fois où on a dû faire la queue : ça nous est arrivé aussi pour le ferry se rendant à la Statue de la Liberté (heureusement beaucoup moins) et pour entrer au Met ! Bon, on y allées un jour où il pleuvait donc évidemment tout le monde avait eu la même idée que nous (pluie = musée) mais quand même ! Partout où on allait, il y avait un monde fou. On a ainsi fait l’erreur d’aller sur la Highline à Chelsea et de traverser le Brooklyn Bridge le week-end et c’était plus bondé que le métro à l’heure de pointe. Ce qui n’avait pas été le cas en novembre 2011. Pour me rafraîchir la mémoire, je suis d’ailleurs allée jeter un œil aux quelques photos qu’il me reste de ce voyage et effectivement il y a moins de monde partout (sauf à Times Square où là c’est blindé tout le temps). Alors ok, à l’époque, on était hors saison. Mais quand même. En fait, je pense que le problème n’était pas seulement que c’était les vacances mais que c’était les vacances pour tout le monde.

Pâques est en effet une période fériée dans pas mal de pays. On a donc croisé beaucoup de touristes français, mais aussi des touristes parlant espagnol, portugais, anglais (donc venant d’Europe et d’Amérique du Sud). Et puis il y avait aussi tout plein d’Américains car Pâques c’est aussi la période du Spring Break ! Les Américains ont très peu de vacances (par rapport à nous en tout cas). Et parmi elles, il y a une semaine vers mars-avril, le fameux spring break. Nous on l’associe aux étudiants qui vont se bourrer la gueule en Floride et au Mexique mais c’est simplement comme ça qu’ils appellent leurs vacances de Pâques, qui ne sont pas uniquement pour les étudiants. A New York, quand on y était, il y avait ainsi de nombreuses familles américaines venues visiter la ville pendant le Spring Break. On s’est donc dit que le problème n’était pas qu’on y soit en période de vacances françaises mais de vacances pour un grand nombre de pays. D’où un afflux massif. Si on part à New York pour la première fois, pour profiter un peu plus sereinement de son séjour, mieux vaut donc peut-être éviter la période de Pâques (noël et le nouvel an doivent être aussi assez populaires). D’ailleurs, si vous êtes déjà allé à New York, vous avez aussi fait des heures de queue ou c’était raisonnable ?


Quid de la météo ?
Fait-il déjà beau à Pâques à New York ? Franchement, nous ça a été le grand n’importe quoi. On a eu un jour où il faisait assez chaud pour se balader en jupe sans collants puis on a eu une telle vague de froid qu’on a dû s’acheter des gants et que ma peau s’est totalement desséchée (limite il faisait plus froid qu’à Paris en hiver), on a aussi eu un jour de pluie diluvienne. Puis le soleil est revenu pour qu’on puisse profiter de siestes sur la Highline ou à Central Park. En gros, à cette période, j’ai un peu l’impression que c’est la roulette russe. Il peut faire super beau un jour et très froid le lendemain. D’ailleurs, certains arbres avaient déjà fleuri quand d’autres était encore complètement morts. Etrangement d’ailleurs, je garde un meilleur souvenir de la météo lors de mon premier séjour en novembre. Je m’attendais au pire mais je n’avais eu froid qu’un seul jour et je m’étais souvent baladée en débardeur. Ca avait été grand soleil pendant deux semaines et pas un jour de pluie. Alors que pour avril, je m’attendais à un temps printanier et même s’il a fait beau certains jours, dans l’ensemble, j’ai été déçue. On a eu du ciel bleu mais il a aussi très souvent fait gris. Ca doit être encore une autre histoire quand Pâques est en mars, il doit faire encore plus mauvais. Même si là encore, je pense que la météo à ces périodes là (même n’importe quand aujourd’hui) est grandement aléatoire.

Conclusion, je dis un grand oui à New York mais la prochaine fois (car oui, avec NY il y a toujours une prochaine fois), j’essaierais de choisir un peu mieux la période. Déjà marre du froid et de la pluie, je veux du soleil pour pouvoir profiter de Central Park et des nombreuses terrasses. Mais pas non plus qu’il fasse trop chaud (en juillet/août par exemple je crois que c’est l’enfer). Je pense que juin, septembre ou même octobre peuvent être pas mal. Et comme c’est hors saison, on devrait rester raisonnable dans les prix et surtout dans l’afflux touristique !
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vendredi 25 mars 2016

Cuba, belle île en mer des Caraïbes



Oh mais quelle influenceuse je suis (oui, il parait qu’on dit comme ça maintenant), influenceuse internationale même ! A peine ai-je écrit un article sur tout ce qu’il faut savoir pour organiser son voyage à Cuba que Barack Obama s’empresse de faire le voyage. Je n’irais pas jusqu’à dire que j’ai potentiellement influencé POTUS mais bon ;) En tout cas, c’est fascinant d’assister à une page d’histoire (et une longue et bien chargée !) qui est en train de se tourner. Et de se demander quels vont être les changements qui vont en découler. Les grandes chaînes américaines commencent déjà à se précipiter là-bas évidemment. On annonce ainsi des hôtels de luxe ou même airbnb… et ce n’est que le début. Bientôt des MacDo et des Starbucks à tous les coins de rue ? Forcément, Cuba n’aura plus alors le même visage ni le même charme. Et ça me fait penser avec encore plus de nostalgie à notre voyage là-bas il y a deux ans, dans un Cuba qui aura probablement bientôt disparu.


Ah Cuba ! Rien que le nom fait fantasmer vous ne trouvez pas ? L’île n’a jamais fait partie des lieux que je rêve de voir absolument depuis toujours. Pourtant Cuba a toujours été dans un coin de ma tête et j’avoue que dès que j’entendais prononcer ce mot, je me mettais quand même à rêver. Parce que plus que beaucoup d’autres pays, l’île véhicule tout un imaginaire, transmis par son histoire tellement riche, sa musique, des photos évidemment mais aussi tellement de films et de séries. On a tous des images de Cuba en tête : le Che, Fidel aussi, le Buena Vista Social Club, la salsa, les immeubles colorées de La Havane, les cigares, le rhum… et les voitures américaines ! Cuba est un cliché. Et à bien des égards, le pays s’est révélé tel que je l’attendais. D’ailleurs, étrangement, quand je suis arrivée là-bas, je n’ai absolument pas été dépaysée. Quand tu pars dans un pays étranger, il y a souvent un petit temps d’adaptation, surtout quand le pays est tellement différent du tien. Tu as l’impression d’être dans un autre monde. Et bien là, pour moi, ça n’a pas été le cas. Tout ça me semblait tellement familier. Et puis, finalement, j’ai pris conscience que si, j’étais bien dans un autre monde… ou plutôt dans un autre temps. Car partir à Cuba, ce n’est pas seulement découvrir une autre culture, c’est aussi faire un voyage dans le temps. Et ça, c’est totalement dépaysant.


Une chose est sûre, ce pays de carte postale ne m’a absolument pas déçue. J’ai été transportée par ses magnifiques villes coloniales aux maisons colorées comme figées dans le passé, j’ai admiré sa nature splendide, j’ai fait boire du rhum et des mojitos à Sophie, j’ai pris une bouffée d’un cigare (juste une, beurk), j’ai regardé des gens (beaucoup de gens) danser la salsa même si moi je n’ai pas osé, j’ai un peu écouté du reggaeton (et j’en ai rapporté deux/trois chansons que j’écoute depuis très régulièrement avec nostalgie), j’ai fait un tour dans une vieille américaine et un vieux camion soviétique, je suis partie sur les traces du Che et ai embrassé toutes ses statues et ses photos (parce que c’était mon gros crush quand j’étais ado, avant que je réalise que c’était quand même un petit peu un assassin sanguinaire), tout ça avant de me laisser envoûter par les belles pages de sable fin et cette magnifique mer turquoise. Nan mais la couleur de l’océan ! J’ai marché (beaucoup) dans des ruelles pavées (nos chaussures y sont d’ailleurs restées), escaladé un peu (pour voir une cascade), fait quatre heure de cheval au milieu des plantations de tabac et de café et failli y laisser mes fesses, découvert que l’ananas ne poussait pas dans un arbre, pris beaucoup de coups de soleil parce que j’ai fait la bêtise d’aller à la plage à midi, négocié un peu (mais je suis nulle donc c’est surtout Sophie qui s’en chargeait) et parlé beaucoup l’espagnol. Et c’est beau l’espagnol, c’est sexy, j’avais presque oublié. Mon coup de cœur restera quand même les vieilles voitures américaines. Quand j’y repense, j’en ai encore des cœurs dans les yeux.


En fait, ce qui fait le charme de Cuba, c’est sa culture et son atmosphère uniques. Mais il ne faut pas réduire le pays à cela, cette image pour touriste. Si tu enlèves tes lunettes de soleil, la réalité est là, partout. Cuba est avant tout une dictature où la propagande est partout : à la télé, dans les musées, dans la rue. La figure du Che est d’ailleurs placardée dans tout le pays. Fidel est étrangement un peu moins présent, même s’il est bien là. La liberté de parole n’existe pas non plus et tu sens que les Cubains font très attention à ce qu’ils disent. Certains refusent d’ailleurs d’aborder certains sujets, comme le régime. C’était aussi étrange – et tellement anachronique – mais, à l’époque, les Etats-Unis étaient encore vus comme le grand ennemi et vice versa (depuis les choses ont changé, ce qui est encore plus fou). Oui, Cuba est un pays étrange. La population est ainsi très pauvre mais la pauvreté ne s’exprime pas de la même façon qu’ailleurs. Comme c’est une dictature socialiste, les services publics (comme l’école, le médecin ou même l’électricité) y sont peu chers ou gratuits. En revanche, ils sont quand même très démunis. Dictature socialiste oblige, l’enrichissement personnel est en effet banni (sauf celui des généraux). Ce qui fait qu’ils ne gagnent pas grand-chose, et quels que soient leur métier. Que tu sois médecin, professeur ou serveur par exemple tu as à peu près le même salaire. Et il n’est pas très élevé. En fait, le seul moyen de mieux gagner sa vie est d’exercer un métier en contact avec le touriste et leur monnaie (la monnaie destinée aux étrangers vaut beaucoup plus que le peso qu’utilisent les Cubains). De nombreux Cubains ayant pourtant fait de longues études et qui pourraient donc prétendre à des métiers « prestigieux » préfèrent ainsi devenir taxi ou portier. C’est triste.


Autre étrangeté de cette dictature : en général, tu associes pays pauvre avec une population qui a faim. Mais là, ce n’est pas du tout le cas. Tout simplement parce qu’ils disposent de tickets de rationnement qui leur permettent d’avoir accès pour un prix raisonnable (ou gratuitement ?) aux produits de première nécessité. Donc à la nourriture. Dis comme ça «  tickets de rationnement », ce n’est pas engageant, mais le résultat est là, les Cubains sont plutôt bien nourris. Après, pour le reste, ce n’est pas la même histoire. Au début, les tickets de rationnement englobaient beaucoup plus de choses. Sauf qu’au fil du temps, la liste des produits de première nécessité s’est faite de plus en plus courte. Il y a toujours la nourriture mais les produits d’hygiène n’en font par exemple plus partie. S’acheter du savon est donc devenu un luxe pour de nombreux Cubains. Et même s’ils en avaient les moyens, il faudrait en trouver. A Viñales, dans la campagne, notre hôte nous a ainsi expliqué que le rayon cosmétique du seul magasin du village était souvent vide. Et qu’il lui arrivait donc très souvent de ne se laver qu’avec de l’eau. Je ne sais pas si la situation a évolué depuis mais ça a été une constante pendant notre voyage : le savon est rare. D’ailleurs, dans la rue, ce n’est pas de l’argent qu’on nous demandait mais des savons… ou des stylos (apparemment, c’est aussi une denrée rare). Nous qui à la maison avons les placards qui débordent de cosmétiques, ça nous a fait de la peine. On aurait aimé le savoir, on aurait rempli nos valises pour eux. D’ailleurs si vous partez, emportez des savons ou des stylos avec vous. On en a distribué quelques-uns et on a fait des heureuses, vraiment.

Tout ça pour dire que si Cuba est un cliché, c’est aussi beaucoup plus que ça. D’ailleurs, je me suis dit que ce serait sympa de revenir sur quelques-uns des clichés les plus répandus sur le pays pour les démonter un peu… ou pas.


Les Cubains, un  peuple heureux (malgré tout)
Il ne faut pas généraliser
On nous vend souvent cette image du Cubain pauvre et oppressé mais qui garde le sourire. La joie de vivre cubaine est ainsi souvent vantée. Et c’est vrai, elle existe. On en a rencontré beaucoup des Cubains heureux. Mais il y a aussi de la tristesse, du dépit et beaucoup de fatalisme. C’est comme dire que tous les Cubains sont accueillants. Oui, on est tombés sur de vrais cœurs, qui se sont très bien occupés de nous et pas par intérêt, ça se voyait. Mais pour les gens rencontrés au hasard dans la rue, ce n’est pas toujours la même histoire. Comme dans tous les endroits un peu touristiques (pas que à Cuba hein), l’étranger est vu comme un porte-monnaie sur pattes. Parfois, on a trouvé des gens adorables au premier abord pour s’apercevoir ensuite qu’ils voulaient quelque chose. Heureusement, on ne s’est jamais fait arnaquer mais en tout cas prudence. Ne suivez pas les rabatteurs, négociez toujours et ne faites pas confiance au premier venu (mais bon, ce sont des règles de bon sens à suivre dans n'importe quel pays, même le nôtre).


Il y a de vieilles voitures américaines partout
Oui
Franchement, le coup des vieilles voitures américaines, je pensais que c’était un cliché totalement faux. Je me disais qu’il devait y en avoir quelques-unes mais pas tant que ça. Juste qu’on nous les survendait pour attraper le touriste. Mais en fait, il y en a vraiment beaucoup ! A chaque fois que j’en voyais, je poussais un petit cri d’excitation (forcément vu la dingue de l’esthétique des années 50 que je suis) et je peux te dire que j’en ai poussé des cris. En fait, pour les Cubains, ces voitures c’est de l’or et ils en prennent grand soin. Evidemment, il y en a beaucoup plus à La Havane (surtout du côté du Parque Central) mais on en a vu dans tout le pays. Alors oui, il y a d’autres types de voitures, et certaines bien récentes. Mais la proportion de vieilles américaines est vraiment importante. Et franchement, c’est un tel pied visuel !


Cuba, c’est des villes ultra colorées
Pas tout à fait
Quand on n’est jamais allé à Cuba, les images qu’on en a, ce sont ces villes aux maisons de toutes les couleurs. C’est particulièrement vrai pour le quartier de la Vieille Havane, qu’on imagine avec sa succession de bâtiments coloniaux roses, bleus, jaunes. Et justement, c’est particulièrement faux pour la Vieille Havane. Les rues où les belles maisons pastel se succèdent sont en fait rares. Il y a évidemment la Calle Obispo, la rue principale, la rue touristique qui a donc logiquement été refaite à neuf, et quelques groupes de bâtiments par-ci par-là. Mais ils sont presque en minorité. Ce qui frappe quand tu te balades dans la Vieja Habana, c’est plutôt le nombre d’immeubles délabrés ou même à moitié détruits ou à l’abandon. Mais évidemment, ce ne sont pas ceux qu’on prend en photo. C’est un peu le syndrôme Instagram. On ne prend en photo que ce qui est beau, donnant une idée biaisée de la réalité. La réalité de la Vieja Habana (pas les rues touristiques mais le cœur de la ville), c’est plutôt une succession de maisons en ruines au milieu desquelles tu vas trouver une ou deux maisons colorées car remises à neuf. Mais c’est aussi ce qui fait le charme de La Havane. Après, il y a des travaux de rénovation partout dans la vieille ville donc je pense qu’avec le temps, il y aura de plus en plus de blocs de maisons de couleur (même si certains immeubles sont en rénovation depuis tellement longtemps que des plantes ont envahi les échafaudages). La situation est un peu différente à Trinidad ou même Cienfuegos. Le centre historique de ces villes est lui parfaitement refait et entretenu, donc tu as bien cette juxtaposition de maisons colorées. En revanche, dès que tu t’éloignes un peu du centre, tu retrouves là encore beaucoup de maisons délabrées. Mais c’est aussi bien de sortir des sentiers battus. Loin de l’image de carte postale du pays, c’est là que tu peux vraiment te rendre compte de la pauvreté et des vraies conditions de vie de la majorité des Cubains.


C’est un pays où on mange mal
Ca dépend
J’ai entendu beaucoup de gens revenant de Cuba dire qu’ils n’avaient pas du tout bien mangé là-bas. Alors clairement, je suis très mal placée pour parler de nourriture. Je ne mange ni viande, ni poisson et pour le reste, j’aime très peu de choses. Mais franchement, dans l’ensemble, je n’ai pas à me plaindre de nos repas là-bas. Après, oui, la nourriture n’est pas extrêmement diversifiée. Je ne sais pas si c’est à cause de l’embargo ou parce que le pays n’a pas les moyens d’acheter certaines denrées alimentaires, en tout cas, ce qui n’est pas produit sur l’île est beaucoup plus rare. Au menu, on trouve essentiellement des tomates, du riz, des haricots, des œufs (donc des omelettes), certaines viandes (poulet, bœuf), du poisson, des bananes et des fruits tropicaux. Et du homard ! Ah ça, si tu veux manger du bon homard pas cher, tu vas te régaler. Mais oublie pâtes ou patates qui sont très rares. On a bien mangé des frites dans le all inclusive mais il y en avait très très peu. On a aussi mangé une pizza une fois dans un resto en ville mais elle n’était vraiment pas bonne. Autant en rester au riz.

En fait, c’est ça. Si tu aimes la nourriture bien transformée à l’américaine – les pizzas, les burgers, gâteaux bien gras – tu seras forcément déçu et en manque. Pas non plus de boulangerie pour te vendre des pains au chocolat, des cupcakes… Les étals des magasins de nourriture sont aussi vides la plupart du temps donc peu de chance d’y trouver des paquets de gâteaux ou de chips (après ça dépend des villes, à Cienfuegos, on est tombés sur des magasins bien fournis). Mais finalement, moi j’ai trouvé que ça faisait du bien, ça m’a fait une détox bienvenue. Ca permet de revenir à une nourriture plus vraie. Je n’en garde donc pas un mauvais souvenir. D’ailleurs, j’ai bien plus mal mangé lors de notre roadtrip aux Etats-Unis où il y avait certes de la nourriture en abondance mais elle n’avait aucun goût. A Cuba, ce n’était pas diversifié mais au moins c’était simple, sain et bon. Après c’était mon menu à moi (un peu frugal il faut le dire mais ça ne m’a pas dérangé) et on n’a pas été aventureux pour les endroits où on a mangé. On n’a pas mangé comme les Cubains (c’est-à-dire qu’on n’a jamais acheté notre nourriture dans ces petits comptoirs dans les murs des maisons). On s’est cantonné à nos casas et aux paladars (des restos chez des particuliers) et restos conseillés par le Routard et le Lonely Planet. Et on n’a jamais eu de problèmes (de mauvais goût ou même intestinaux). Le seul moment où on a mal mangé en fait, c’était dans le all inclusive.


Et voilà pour la suite de mes aventures cubaines (dans un billet un peu long je l’admets mai j’avais tellement de choses à dire… et je ne sais pas faire court). J’essaie de revenir bientôt avec la suite et des articles spécifiques sur notre itinéraire et chaque étape de celui-ci.

Encore une fois, tu peux cliquer sur les photos pour les agrandir et tu auras même un format diaporama. Et les photos sont toujours de moi mais aussi beaucoup (plus) de Sophie.
Et pour retrouver mon premier article sur Cuba avec tout plein de conseils pour organiser son voyage, c'est par ICI.
 
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