Après une crise de folie où je me suis mise à cacher tous mes produits de beauté, je me pose des questions et je me dis que j’aurais bien besoin de votre avis de beauty addicts neutres et éclairées. Suis-je trop possessive avec mes produits chéris ou trop d’abus tue-t-il l’amitié ?
Reprenons depuis le début. En tant que journaliste/blogueuse, j’avoue je reçois quelques produits de beauté par-ci par-là. Il y a des périodes fastes, d’autres moins. Il n’y a quand même pas de quoi se faire des films avec des milliers de colis qui déferleraient chaque jour dans mon humble demeure. Je suis une petite journaliste qui travaille surtout sur de l’immatériel (le bien-être et la forme) et une petite blogueuse aussi. Je suis donc un petit poisson dans l’univers des gens arrosés. Un peu comme la plupart d’entre vous, d’où l’intérêt d’avoir votre avis sur le sujet.
Cet arrivage de produits de beauté a quand même produit une réaction chez mes amies les plus proches, beauty addicts comme moi forcément. Au début, c’était soft. J’ai commencé à distribuer les produits que je n’aimais pas ou qui ne me convenait pas (je ne vois pas l’intérêt de garder pour moi des crèmes pour peau sèche quand j’ai la peau presque normale ou anti-âge, ni des shampooings pour cheveux méchés quand les miens sont la plupart du temps naturels). Je donnais donc sans compter, ça me faisait plaisir. Ca ne me dérangeait pas non plus d’avoir des appels pour me dire, j’ai besoin d’un gloss, d’un mascara. Ca m’arrange même, puisqu’une fois testés, s’ils ne sont pas utilisés rapidement, ils sont voués à la mort. Un crève-cœur pour la beauty addict que je suis.
Et puis quelques remarques ont germé de temps en temps quand j’arrivais à un rendez-vous les mains vides : « ben tu m’as rien apporté ? », « quoi tu n’as pas de sac ? ben tu t’en vas ». Déjà, là je trouvais ça un peu limite. Je suis la première à gueuler quand mes copines vont chez Sephora avant de me demander d’abord si j’ai. Mais là, on poussait un peu mémé dans les orties. Je suis pas un distributeur automatique ou une poule qui pond chaque matin un fard à paupière. Il y a aussi eu un jour le mémorable : « c’est dégueulasse, tu te gardes les meilleurs produits pour toi ». Euh, ben oui. Tu veux pas aussi que je me coupes une main pour te la donner. J’ai donc un peu parfois l’impression d’être au milieu d’enfants que j’ai trop pourri gâté. Donc, je rumine un petit peu mais ça passe parce qu’elles sont quand même top mes copines.
Mais là, je suis confrontée à une toute nouvelle problématique et je suis un peu perdue. J’en viens à me demander si je ne serais pas un peu sociopathe sur les bords. J’ai accepté d’accueillir à la maison une copine pendant un mois et demi. Donc la voilà qui débarque dans mon petit appart avec sa grosse valise qui s’est révélée ne contenir aucun produit de beauté. Pas besoin de se prendre la tête avec ça puisque je suis Sephora. Je sais pas mais moi quand je suis invitée chez les gens, j’emmène mes affaires avec moi. Je squatte déjà, je vais pas en plus me servir à volonté. Donc un jour, elle sort de la douche en me balançant : « ton shampooing, il est nul ». Non, mon shampooing Redken pour cheveux colorés à 20 € la bouteille choisi après une sélection drastique, il est pas nul, il n’est juste pas adapté à tes cheveux mais aux miens. Mon gel pour les cheveux aussi est pourri. Normal, il est pour mes boucles alors qu’elle a les cheveux tout lisses. Mais ça ne l’a pas empêché de l’enlever de ma chambre où j’ai l’habitude de l’utiliser pour le mettre dans la salle de bain car c’est là qu’elle fait ses brushings. Par contre, elle aime bien mon démaquillant pour les yeux. Je sais, il est top mon bi-phasé Diadermine. Sauf que j’ai beau lui expliquer qu’il faut mélanger avant de l’utiliser, elle s’obstine, donc ma phase huileuse descend dangereusement vite et je vais me retrouver qu’avec de l’eau bientôt. Un jour, je la surprends aussi en train de se vider mon spray de fond de teint pour les jambes L’Oréal (celui qu’ils ne produisent plus donc que j’utilise avec parcimonie pour les grandes occasions) alors que je lui avais dis d’utiliser celui juste à côté. Et puis ma boîte de cotons tout juste achetés est quasi vide même si je me suis rarement démaquillée ce mois-ci. Mais de temps en temps, elle me rassure en me montrant ceux qu’elle a dans sa valise en disant que dès qu’ils seront finis on utilisera ceux-là. Donc en fait, elle en a du coton, elle préfère juste utiliser les miens. Ils doivent être plus doux, c’est ça.
Ma crise d’aujourd’hui a été causée par la découverte que mon gommage que j’adore Ahava avait été noyé sous l’eau. Or, c’est un gommage qui s’utilise à sec, ce qui le rend beaucoup plus efficace. Et moi j’adore l’utiliser comme ça. Donc j’ai commencé à cacher mes produits. J’ai mis hors de portée mon gel douche à l’amande Roger&Gallet, j’ai remis dans mon sac ma mini eau thermale d’Avène qui ne le quitte jamais normalement (mais elle l’avait enlevé un soir pour se pulvériser et mis avec ses affaires, avec pour résultat moi suant sang et eau sous la chaleur caniculaire sans possibilité de me rafraîchir), j’ai aussi planqué mes fonds de teints pour les jambes, mes soins hydratants pailletés et mes après-shampooings. Je me tâte pour le rasoir, j’ai l’angoisse que sous la douche elle se serve du mien, ce que je trouve trop crade. Mais comme elle a voulu utiliser mon épilateur aussi, je me dis que c’est possible (j’ai dis non, trop crade aussi selon moi. Pour moi, c’est des trucs qui ne se partagent pas). Mais bon, je me sens limite folle de me comporter comme ça.
En fait, prêter quelques trucs, je m’en foutrais, j’en ai plein. Mais c’est l’ensemble des abus qui m’énerve et me fait péter un plomb et adopter un comportement de plus en plus psychopathe. Si elle me demandait un produit de temps en temps, ça passerait aussi. Mais là non. Elle se sert dans ce que j’ai exposé et donc dans mes produits préférés, ceux que j’aime d’amour, que j’ai choisi minutieusement et que, oui, j’ai des difficultés à partager. Parce que ce sont tout simplement ceux qui me conviennent le mieux et que ça m’énerve de les gâcher en les laissant utiliser par quelqu’un qui n’a pas la même peau, les mêmes cheveux... Un jour qu’elle voulait utiliser le rouge à lèvres que j’ai toujours sur moi, donc mon chouchou, j’en suis même venu à lui retirer limite violemment ma trousse de maquillage des mains. Putain, j’ai des milliers de rouges pourquoi tu vas mettre celui qui me fait les lèvres les plus belles et qui est bientôt fini. Et puis quand elle a besoin mais qu’elle ne trouve pas dans les produits exposés, elle fouille : dans mes tiroirs, dans mon armoire à pharmacie, dans mes sacs. Et quand elle trouve quelque chose qui lui plait, elle dit « je veux ça » ou elle insinue : « tiens, t’as plein de crèmes anti-cellulite là ». Et quand je refuse de lui donner quelque chose parce que j’aime le produit et qu’après tout ça, j’ai pas envie de me sacrifier, je me fais traiter d’égoïste. J’ai eu le droit à une vraie crise parce que je ne voulais lui donner aucun parfum. C’est que je les aime mes parfums. Et pour bien marquer le coup, elle prend nos autres copines à témoin pour confirmer que je suis une radine de ne pas vouloir lui donner le parfum Yves Saint Laurent qu’elle aime tant. Grrrrrrrrrrrrrrr.
Alors oui, tout ça m’ENERVE et je suis en plein pétage de plombs. Mais quand j’en parle autour de moi, la plupart des gens me renvoit le sentiment que j’abuse. Mais ils ne sont pas accros aux cosmétos comme moi. Donc je me disais qu’avoir l’avis de beauty addicts me calmerait peut-être. Alors suis-je une sociopathe où j’ai raison de péter un plomb ? Et à ce moment-là comment la remettre dans les clous ? Sachant que son attitude avec les produits de beauté est aussi celles avec les fringues ou la bouffe (et quand on attaque ma bouffe ou mes fringue, ça ne me rend pas non plus très sympathique). Désolée pour ce billet à rallonge mais la mauvaise humeur m’a rendu bavarde.