Quand les magazines féminins nous prennent pour des bécasses

La fin d’année n’est pas seulement propice aux bilans et autres best of (rassurez-vous, je ne vais pas vous en sortir un nouveau de mon chapeau), c’est aussi l’occasion de voir fleurir un bouquet d’horoscopes. C’est toujours marrant à lire. C’est plein de conneries, on le sait, mais chaque mois de décembre, on continue à se jeter dessus pour lire ce qui va nous arriver l’année d’après. Bien sûr, on n’y croit pas une seconde mais ça a quelque chose de rassurant. Parce que je sais pas si t’as remarqué, ton horoscope te dis jamais que tu vas avoir une année pourrie et pourtant God knows qu’on en a toutes eu des années pourries. Je sais pas si vous l’avez fait mais c’est encore plus drôle de lire ces horoscopes de l’année à la fin de l’année justement pour rigoler doucement de comment ils n’ont absolument pas tapé dans le mille.

Et justement, ces horoscopes, ils pullulent dans la presse féminine. Pas un numéro de décembre sans ses 10 pages consacrées au zodiaque. Ca fait dix pages d’articles de perdu mais c’est le jeu. Où je veux en venir ? Qu’est ce que ça a à voir avec la beauté ? J’y viens justement.

Comme tu le sais, je bosse dans la presse féminine, aux contours mais quand même. Disons que j’ai un pied dedans (un orteil allez), le reste dehors. Mais surtout je suis une grande consommatrice de presse féminine. J’adore. J’en lis des tas même si j’aime pas tout. Mais c’est mon petit plaisir. Certes des fois j’ai honte dans le métro quand je sors mon Glamour/Biba/Grazia parce que je me dis que ça fait tellement superficiel et genre j’ai un pois chiche dans la tête. Je me dis que je devrais être en train de lire des trucs bien sérieux pour me la péter un peu. Mais c’est mon plaisir coupable, je ne peux pas m’en empêcher. Et cette association actrice/fervente lectrice fait que je suis prête à défendre la presse féminine becs et ongles contre les critiques auxquelles elle fait parfois face. Et puis en même temps, en tant que lectrice avec un cerveau/consommactrice, des fois, je suis totalement choquée par les bullshits qu’ils peuvent imprimer. Et ce que je lis a le don de m’énerver au plus haut point.

Ainsi, l’autre jour je finissais un ELLE de mi décembre quand je tombe sur la section horoscope (tu voies qu’on y vient). Bon, là rien d’anormal, je ris en me gaussant dans ma barbe. Surtout que bon, je sais qu’une fois sur deux ces horoscopes ne sont absolument pas faits par des spécialistes (mouhahaha rien que le concept de spécialiste de l’horoscope me fait marrer) mais c’est juste une pauvre journaliste (peut-être même stagiaire) qui a dû se les coltiner. Attention, je dis pas que c’est le cas dans ELLE mais j’ai déjà vu faire autre part. Oui, je sais je casse un mythe. Attention, asseyez-vous, ça continue : les courriers du cœur sont aussi souvent de chez pipeau. J’avais une copine dont le job était justement de les écrire avec la réponse aussi (et non elle n’avait aucun diplôme de spécialiste, elle passait juste par là). Bon, en même temps, c’était pas dans un journal français. Peut-être que chez nous ils sont plus réglo (mouhahaha).

Tout ça pour dire, que je tombe donc sur la section horoscope et là je vois une partie beauté. Parce qu’apparemment la façon dont tu te maquilles dépendrait aussi de ton signe du zodiaque. Oui, j’avoue, j’ai ri mais j’ai lu, par curiosité. Je saute donc direct au Verseau (oui, mon anniv’ arrive et la dépression qui va avec aussi). Et là voilà ce qu’ils me disent : « L’avant-garde à l’œil (tiens, mois qui aime le maquillage bleu flashy sur les paupières, ça commence bien et juste. Espoir). Si on l’écoutait, cette originale éprise de liberté ne se maquillerait même pas ! (mouhahahaha. Sur ce coup-là, j’en ai recraché le bout de croissant que j’avais dans la bouche. Ok, pour l’originalité même si on sait maintenant vous et moi que j’ai quand même des tendances classic’ réac, mais alors le coup du no make up je me marre. J’ai quand même des copines qui me connaissent depuis une demie décennie et qui m’ont jamais vu sans maquillage. Parce que le no make-up pour moi c’est no way. Mais attend, ça continue !) Ce qu’elle veut, c’est faire ce qui lui chante (pas faux). Comme elle est aussi une vraie avant-gardiste (tu me flattes ! Je vais la ressortir celle-là dans mes prochains articles, je préviens ;) Vous suivez pas n’importe quel blog, je suis une avant-gardiste moa !), on l’encourage à quitter le no-make-up pour un fard à paupières rougi (parce que c’est bien connu avec ma tête de cadavre du moment, le rouge sur les yeux m’irait à merveille. Enfin, après tout, Twilight est à la mode et c’est peut-être le moyen de pécho Robert Pattinson).

Bon, ça continue mais je vous épargne. Je plains quand même la pauvre journaliste (pourtant très pro et très sérieuse) qui a dû se coltiner ces conneries à écrire tout en sachant justement que c’était des conneries. Je comprends même pas ce qui leur est passé par la tête. Pourquoi se décrédibiliser dans des bullshits pareil. Je veux bien qu’à ce moment-là la fin d’année approchait mais on n’était pas encore assommées au champagne pour gober ces idioties. Le pire c’est qu’il y avait aussi une version mode tout aussi hallucinante.

Toujours pour les verseaux, pour exemple fashion c’était Rihanna. Là, j’ai carrément failli m’étouffer. Tu sais que si j’adore ses chansons tout le reste chez elle m’insupporte. Et son style ! Mais c’est carrément un crime contre la mode et la beauté. Mais apparemment, comme Rihanna, je suis une star de l’avant-garde (décidément, je devrais peut-être sortir en culotte demain parce que pas sûr que mes classiques jeans ou robes pull soient assez avant-gardistes. J’ai une réputation à tenir maintenant) : « Vous osez tout ce qui est moderne et passer pour une extra-terrestre de la fashion vous exalte. » Alors certes, on m’a parfois regardé comme une E.T. avec mes robes nuage ou Donald Castelabajac mais bon c’était par des gens qui avaient justement zéro sens fashion. Ca fait pas de moi une avant-gardiste, ça fait d’eux des fashion ignorants. Tout ça pour dire que sur ce coup-là, j’ai eu honte de mon ELLE. Un peu trop le grand n’importe quoi ! Ok, c’est un magazine féminin mais c’est pas censé rester du journalisme. Alors je sais pas si c’était second degré mais faut leur dire que les meilleures blagues sont les plus courtes (c’est-à-dire pas 10 pages).