Privée de douche ou les mésaventures d'une beauty malchanceuse

Je ne sais pas si vous avez remarqué mais les emmerdes arrivent toujours par grappes et forcement au moment où on n’a juste pas le temps de les gérer. C’est donc pas étonnant qu’elles pleuvent sur moi cette semaine où j’ai juste un boulot de malade, donc pas le temps d’avoir une vie et encore moins une qui déraille.

Tout commence mercredi soir. Je suis au téléphone avec une copine vers 22 heures quand je commence à entendre un bruit bizarre. Première réaction, pester contre mes voisins. De toute façon c’est toujours eux. Puis ça continue et ça commence à me prendre la tête. Je me balade donc dans mon appart en cherchant la source du bruit et je me retrouve dans la salle de bain devant le bac de douche. Pas de doute ça vient de là et c’est provoqué par de l’eau froide qui gicle et qui coule (oui, les deux, vers le haut et le bas) du robinet d’eau froide. Pas le pommeau, mais du tuyau derrière le truc que tu tournes pour ouvrir l’eau. Misère.

Le lendemain j’appelle donc mon papa pour qu’il vienne faire le plombier (je préfère ça à avoir un inconnu choisi au pif dans mon appart pendant que j’y bosse). Donc papa débarque avec ses outils mais peut pas travailler parce qu’il faut d’abord qu’il ferme l’eau dans l’immeuble. Donc hop, je suis arrachée à mon ordinateur et à mes papiers urgents à rendre là tout de suite pour faire du porte à porte chez mes voisins que je ne porte pas dans mon cœur. Le pire : je suis en pyjama (enfin plutôt jogging pour traîner à la maison) et toute crade forcément puisque cette salope de douche m’a lachée (la petite fuite s’étant transformée en gros giclement). Evidemment, c’était mon jour de lavage de tignasse, donc j’ai le cheveu raplapla, luisant et qui part dans tous les sens. Et faut-il le préciser, je ne suis bien sûr pas maquillée et entre mon teint blanchâtre et mes boutons et rougeurs, je ne suis pas belle à voir. Je fais peur, j’ai l’air d’un mix entre un cadavre et une clodo. Et j’ai surtout trop honte.

Donc vous vous imaginez bien qu’en temps normal, il ne serait pas question de sortir de chez moi comme ça. Mais bon, va faire comprendre ça à papa. Va aussi lui dire : « attends cinq minutes que je me maquille vite fait ». Donc j’ose et je sors en n’espérant croiser personne. Je mets bien mes cheveux devant mon visage pour en cacher le plus possible, je mets un grand manteau bien long et avec un col bien haut aussi pour me planquer et je m’élance dans le couloir. J’aurais bien mis une cagoule aussi mais j’avais pas ça sur moi. Manque de pot, on tombe direct sur une petite fiesta de mâles au rez-de-chaussée. Me demandez pas s’ils étaient pas mal ou pas, j’avais pas mes lentilles, juste des lunettes qui corrigent à peine (pour couronner le tout) et je voyais quasi rien. Pas mieux pour se sentir anti-sexy et à peine humaine. Le pire, ou le plus drôle, c’était une petite fête de plombiers et ils étaient tous opé pour monter chez moi voir où était le problème.

Là, j’ai blémi (oui, encore plus blanche que ce que j’étais déjà). Je les voyais déjà débarquer à quinze au milieu de mon bordel cosmétique… et de mes petites culottes en train de sécher au milieu du salon. Mon père, lui, n’y voyais pas d’inconvénient. A ce moment-là, j’ai bien maudit cette satanée douche. Déjà, c’est pas une baignoire mais en plus, elle choisit le pire des moments pour me pourrir la vie. J’ai finalement convaincu papa que ce n’était pas le meilleur moment pour me faire refaire les tuyaus et je suis repartie chez moi en rasant les murs et tête basse. Heureusement, il a réussi à réparer sans avoir à appeler du renfort et j’ai pu profiter de bonnes ablutions pour me purifier de m’être montrée au monde comme ça. Parce que oui, il m’arrive de traînasser chez moi en jogging, pas maquillée et pas coiffée (ça arrive souvent quand on travaille de chez soi), mais ça veut pas dire que j’ai envie que les gens me voient comme ça. Pour affronter le monde, je préfère être à mon avantage. En même temps, je me dis que, si ça se trouve, ils me reconnaîtront pas s’ils me recroisent dans mes bons jours.